HOMMAGE DE L’UNIVERSITE BEN M’SICK LE 28 OCTOBRE 2010
MONSIEUR LE DOYEN, MESSIEURS LES PROFESSEURS, MESDAMES, MESSIEURS,
JE TIENS AVANT TOUT A REMERCIER LES RESPONSABLES DE CETTE HONORABLE UNIVERSITÉ QUI NOUS PERMET DE NOUS RÉUNIR AUJOURD'HUI AUTOUR DE LA MÉMOIRE DE NOTRE DÉFUNT MOHAMMED ARKOUN.
UN REMERCIEMENT PARTICULIER EST DU A MONSIEUR ABDELILAH BELEKEZIZ QUI A PERSÉVÉRÉ PENDANT DES ANNÉES AFIN QUE LES PRÉCÉDENTES RENCONTRES PUISSENT AVOIR LIEU.
LA PLUS MÉMORABLE FUT CELLE DES HOMMAGES DU 27 MAI 2010. MALGRÉ SON ÉTAT DE SANTÉ, QUI S'ÉTAIT AGGRAVE, MON MARI AVAIT TENU A HONORER LA PROMESSE FAITE A MONSIEUR BELEKEZIZ DE LONGUE DATE. NOTRE SÉJOUR AU MAROC, POUR LA PREMIÈRE FOIS, DURA MOINS D'UNE SEMAINE.
CETTE JOURNÉE RESTERA GRAVÉE DANS MA MÉMOIRE POUR TOUJOURS. JE N'AVAIS JAMAIS VU MON MARI LAISSER COULER SES LARMES AINSI EN PUBLIC. IL ÉTAIT ÉMU PAR LA CAPACITÉ DES INTERVENANTS A AVOIR SAISI ET ASSIMILE LA SUBSTANCE DE SES ÉCRITS ET D'EN FAIRE UNE SYNTHÈSE AUSSI LIMPIDE.
DE RETOUR A PARIS, NOUS EN AVIONS DISCUTE A PLUSIEURS REPRISES ET IL ME RÉPÉTAIT QUE C'ÉTAIT AU MAROC QU'ON AVAIT LE MIEUX SAISI LE SENS DE SA PENSÉE AU POINT DE SOUHAITER LA CRÉATION D'UN INSTITUT POUR L'Y ENSEIGNER.
SA VOLONTÉ D'ÊTRE ENTERRE AU MAROC N'EST PAS DÉNUÉE DE SENS. EN PLUS DE RAISONS SENTIMENTALES ET FAMILIALES ÉVIDENTES, IL LE CITAIT PARTOUT DANS LE MONDE, COMME PAYS MODÈLE POUR SA LIBERTÉ D'EXPRESSION, SON OUVERTURE AUX AUTRES CULTURES ET RELIGIONS : UNE NOUVELLE PETITE "ANDALOUSIE" EN QUELQUE SORTE. LE HASARD A VOULU QUE NOUS HABITIONS UN COMPLEXE QUI S'APPELLE "RIAD AL ANDALOUS" ET LA RÉSIDENCE "CORDOBA"
JE VOUDRAIS APPORTER UN TÉMOIGNAGE PERSONNEL SUR L'INTELLECTUEL IMMENSE QUE NOUS PLEURONS TOUS AUJOURD'HUI, UN PEU PARTOUT DANS LE MONDE. TOUTE SON EXISTENCE FUT CONSACRÉE AU TRAVAIL. JAMAIS DE VACANCES, DE DIMANCHES OU DE JOURS FÉRIÉS. QUAND IL NE SILLONNAIT PAS LE MONDE POUR SES COURS ET CONFÉRENCES, IL S'IMPOSAIT UN EMPLOI DU TEMPS TRÈS STRICT. IL ARRIVAIT QUELQUEFOIS QU'IL SE LÈVE LA NUIT POUR METTRE PAR ÉCRIT DES IDÉES QUI LUI TRAVERSAIENT L'ESPRIT. MÊME SUR SON LIT D'HÔPITAL, SON UNIQUE SOUCI ÉTAIT DE RENTRER A LA MAISON, NON POUR SE REPOSER, MAIS POUR ÉCRIRE DEUX LIVRES QU'IL AVAIT DÉJÀ PLANIFIES DANS SA TÈTE. SES MÉDECINS N'EN REVENAIENT PAS, CAR ILS CONNAISSAIENT SON RÉEL ÉTAT DE SANTÉ.
IL S'INQUIÉTAIT AUSSI POUR SON DERNIER LIVRE A PARAÎTRE CHEZ VRIN, AVANT LA FIN DE L'ANNÉE, INTITULE "LA QUESTION ÉTHIQUE ET JURIDIQUE DANS LA PENSÉE ISLAMIQUE" DONT JE N'AI PU CORRIGER LES ÉPREUVES QU'APRÈS SA DISPARITION. J'OSE ESPÉRER QU'IL SERA RAPIDEMENT TRADUIT EN ARABE.
J'AIMERAIS INSISTER PARTICULIÈREMENT SUR VOTRE RÔLE A TOUS : ENSEIGNANTS, CHERCHEURS, ÉTUDIANTS, DE DEVOIR POURSUIVRE L'ÉTUDE DE SES OEUVRES, D'Y DÉCOUVRIR D'AUTRES LECTURES ET DE LES ENSEIGNER A VOTRE TOUR POUR QUE LES LUMIÈRES DE SA PENSÉE CONTINUENT D'ÉCLAIRER LES ESPRITS, AFIN D'EN CHASSER L'IGNORANCE ET LA VIOLENCE.
L'ÉTUDE DE L'HUMANISME AUQUEL IL A CONSACRE DES ANNÉES DE SA VIE POURRA PEUT-ÊTRE RESSUSCITER A TRAVERS CE QU'IL APPELAIT "UNE NOUVELLE RAISON ÉMERGENTE". FAISONS EN SORTE QU'ELLE PRENNE SON ENVOL DANS NOTRE PAYS OU IL A SOUHAITE VIVRE ET MÊME ETRE ENTERRE.
JE TERMINERAI PAR UN VOEU A CE SUJET : QUE SA TOMBE AU CIMETIÈRE DES CHOUHADAS SOIT VISITÉE PAR CEUX A QUI IL A APPORTE UN PEU DE LUMIÈRE, AFIN QUE SA PLACE AUPRÈS DE DIEU SOIT ÉCLAIRÉE A SON TOUR.
TOURIA YACOUBI ARKOUN